Article publié par Me JP. VERGAUWE dans la revue tu bâtis je rénove de novembre 2011 - n° 274

 

Voilà un mot barbare qui mérite une petite explication et qui cache une réalité parfois préoccupante.

Dans le secteur de la construction, le client est appelé « maître d’ouvrage » parce que c’est lui qui commande les travaux suivant un programme et un budget qu’il définit avec l’aide de son architecte.

Les constructeurs sont donc tenus de respecter la commande du maître de l’ouvrage.

Pour autant, ce dernier n’est pas un despote tout puissant et surtout, le plus souvent, il est profane et inexpérimenté dans l’art de bâtir ; c’est la raison pour laquelle il fait appel à des professionnels (architecte et entrepreneur, notamment) pour réaliser son projet ; il faut donc nécessairement faire confiance à ces constructeurs, même si cette confiance doit rester éclairée et vigilante.

Chacun doit rester à sa place et remplir les obligations qui lui incombent.

L’immixtion est une intervention intempestive et inappropriée du maître de l’ouvrage dans le processus de construction.

Dès que le maître de l’ouvrage franchit cette limite, il commet une erreur qui pourra avoir de lourdes et fâcheuses conséquences sur le déroulement du projet.

Donnons quelques exemples d’immixtion coupable :

  • Un maître d’ouvrage qui impose un matériau ou un procédé qui est réprouvé par son architecte pour de justes motifs.
  • Un maître d’ouvrage qui choisit et veut imposer la solution la moins chère, au détriment de la qualité, alors qu’il s’agit d’une  économie abusive formellement déconseillée.
  •  Un maître d’ouvrage qui donne des ordres sur le chantier directement à l’entrepreneur, sans passer par son architecte.

Certes, le maître d’ouvrage est en droit de rechercher et proposer les solutions techniques les plus avantageuses au point de vue économique mais ce choix ne peut s’exercer au détriment de la qualité essentielle.

Parfois l’équation qualité/prix est difficile à établir, particulièrement lorsqu’il convient de prendre en considération la durabilité et le coût d’entretien des solutions techniques retenues.

L’intervention de l’architecte est indispensable pour guider le maître de l’ouvrage dans ses choix, surtout lorsque ce dernier n’est pas compétent en la matière.

Un maître d’ouvrage qui pratique, par ailleurs, le métier d’électricien pourra évidemment exercer un pouvoir de décision plus grand lorsqu’il s’agira de concevoir et d’exécuter l’installation électrique.

Finalement, tout est une question d’équilibre ; le maître de l’ouvrage a le droit de proposer des solutions qui lui semblent convenir mais l’architecte et l’entrepreneur doivent l’éclairer, le guider et, éventuellement, le dissuader d’adopter des solutions hasardeuses.

En un mot, le maître de l’ouvrage, tout maître qu’il soit, doit s’abstenir d’intervention non concertée.

La construction est un art délicat qui reste l’apanage de professionnels.

A chacun son métier.

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